mardi 28 août 2012

Le rapport sur les transferts d'armement du Congrès américain est disponible

Publié chaque année par le Congrès américain, le Conventional arms transferts to developing nations 2004-2011, recense les principales prises de commandes et livraisons de matériels de guerre dans le monde.

Le document, facile à lire, ne fait que 90 pages et comporte beaucoup de tableaux et de graphiques très utiles. Basé uniquement sur des sources ouvertes, c'est une mine d'information très intéressante et très pratique pour analyser l'évolution du marché des armements produit par les pays développés.



Ci dessous quelques chiffres à garder en mémoire de l'édition 2011:

85.3 milliards de dollars! C'est le montant des prises de commandes d'armes en 2011. Ce chiffre est en augmentation de 92% par rapport à 2010 (44.5bn$).

Sans surprise, ce sont les USA qui s'attribuent la première place avec 66.3bn$ (78% du total) suivi ensuite par la Russie à 4.8bn$ (5.6%). La France quant à elle arrive en 3e position de ce classement (4.4bn$).

Cette croissance fulgurante s'explique essentiellement en raison de plusieurs (très) gros contrats remportés par les entreprises américaines en Arabie Saoudite et dont la somme totale s'élève à près de 30bn$ (en gros le budget total de la défense française!!!).

En termes de livraison cette fois, le classement est sensiblement le même: Les Etats-Unis occupent la première place avec 16.2bn$ de matériel livrés suivi ensuite par la Russie avec 8.7bn$ et le Royaume-Unis avec 3bn$. La France occupant le 4e rang avec 1.7bn$.

De l'autre côté du spectre, le rapport nous apprend que les principaux acheteurs pour 2011 sont:
  • L'Arabie Saoudite 33.7bn$
  • L'Inde 6.9bn$
  • les Emirats Arabes Unis, 4.5bn$
L'intégralité du rapport est téléchargeable en cliquant ici.
Pour les plus pressés, Jean Guisnel du Point en fait un petit résumé sur son blog.

mercredi 22 août 2012

l'industrie de défense dans les travaux du Livre Blanc.

Je profite de cette période estivale pour lire quelques documents en retard et je découvre un intéressant papier du Sénat qui fait la synthèse des travaux du futur Livre Blanc. Ce document de communication(en date du 25 juillet), aborde notamment la place et le rôle de l'industrie de défense et donne quelques chiffres intéressants.



Sur le nucléaire tout d'abord, qui a un temps fait l'objet de débat (en particulier dans l'actuelle majorité) quand à la persistance ou non de la seconde composante (aérienne):

Le coût des forces nucléaire est de l’ordre de 3,5 milliards d’euros par an (11 % du budget annuel de défense et 1,2 % du total des dépenses du budget de l’État pour 2012 et 0,125 % du PIB). Il s’agit d’une garantie solide de protection pour un coût assez modique,
Le document rapporte, et il convient de le souligner, l'apport du nucléaire à la recherche et développement et à l'industrie en particulier spatial (les missiles M51 et la fusée Ariane reposent par exemple, sur un socle commun de capacités).

Sur le budget ensuite, le Sénat a la volonté de sanctuariser le budget de la défense et d'éviter d'en faire une variable d'ajustement :
J’ai l’intention avec nos deux représentants au sein de la commission du Livre blanc de proposer une sorte de règle d’or du budget consacré à la défense qui, selon moi, doit être compris entre un minimum de 1,5 et un maximum de 2 % du PIB hors pensions
Rappelons au passage que les recommandations de l'OTAN pour l'Europe sont de 2% du PIB consacré à la défense. Seuil qu'au final peu de nations tiennent aujourd'hui (à commencer par nos voisins allemands, mais c'est un autre sujet). D'ailleurs, les sénateurs eux-mêmes n'envisagent pas d'atteindre cet objectif puisqu'un peu plus loin dans le document, ils citent l'objectif d'1.6% seulement (voire 1.5% ce qui constitue un seuil "juste insuffisant" pour reprendre la boutade de Jean-Pierre Chevènement.

Enfin, les travaux de synthèse, s'appuyant en celà sur le rapport  sur les capacités industrielles militaires critiques publiés récemment, rappellent en quelques mots la spécificité de ce secteur:

L’industrie de défense est un pôle d’excellence de l’industrie française. Au moment où l’on prône la réindustrialisation de notre pays, ce secteur doit être pris en considération. Il représente des emplois, de l’ordre de 250 000, un solde positif en termes de balance commerciale de 2,7 milliards d’euros et des retombées positives pour le budget de l’État et les comptes sociaux
 
Par ailleurs, comme le rappelle dans la discussion le sénateur Gautier parle d'un retour sur investissement dans la défense de 0.7 à 0.8€ pour chaque euro investit. Si quelqu'un à des chiffres sur d'autres secteurs (automobile, santé, etc...) je suis preneur.

Le reste du document aborde ensuite d'autres questions comme la maritimisation, le format et l'emploi des forces ou encore la Cyberdéfense. Chacune de ces questions ayant déjà fait l'objet d'un rapport spécifique.

Pour consulter le rapport de syntèse c'est par ici.
Pour consulter le rapport complet relatif  aux capacités industrielles militaires critiques, c'est par là.

jeudi 9 août 2012

signalement d'article: Mid-sized defence groups – reality bites

Je vous signale la parution d'une courte (mais néanmoins intéressante) analyse  parue dans le Financial Time du jour sur la capacité de résilience des sociétés de défense (principalement britanniques) de taille moyenne face à la crise.

Elle s'expliquerait, selon l'auteur par 2 moyens:
  • Soit par le développement d'activité annexes à la défense comme la sécurité ou le civil (principe de diversification): exemple de Meggit 
  • Soit au contraire une marche en avant vers plus d'activité de défense (principe de la spécialisation): exemple de Cobham
L'article est consultable sur le site du FT à cette adresse ou via mon compte twitter.

vendredi 3 août 2012

Vers une consolidation du secteur terrestre où pas?

La consolidation du secteur terrestre en Europe est un vieux serpent de mer depuis la fin de la guerre froide. La disparition du bloc soviétique et de la menace de hordes de T-72 déferlant dans la trouée de Fulda a durement touché l'industrie de défense terrestre européenne à la fin des années 1990 sans pour autant la faire disparaitre. 


 Sphinx de Panhard - photo de l'auteur - 2010

Tous les principaux acteurs de l'époque subsistent toujours, même s'ils portent parfois une nouveau nom. (cf Giat devenu Nexter). Néanmoins, malgré une certaine embellie au cours des dernières années sur le marché, principalement du fait du renouvellement des plateformes de combat d'infanterie, l'offre semble encore aujourd'hui surdimensionnée par rapport à la demande.

En effet là où ne subsiste plus que 3 plateformes majeures dans l'Aéronautique (l'Eurofighter de BAE/EADS, le Rafale de Dassault et le Gripen de Saab), on compte aujourd'hui  au moins 1 programme de véhicule de combat blindé et de char de combat par pays avec autant d'industriels à chaque fois:
  • 2 en Allemagne (Krauss Maffei Wegmann et Rheinmetall)
  • 1 en Italie (Iveco)
  • 1 en Espagne (General Dynamics Santa Barbara, filiale de GD US)
  • 1 au Royaume-Uni (BAE Systems)
  • Et cela sans parler des offres d'entreprises américaines. Au total donc plus d'une dizaine d'acteurs sur ce marché et cela rien qu'en Europe.
En France, on comptait même jusqu'à récemment 3 acteurs: Nexter, Panhard et Renault Truck Defense. Ces deux derniers, en discussion depuis plusieurs mois ont finalement trouvé un accord de rachat. Panhard ira donc rejoindre RTD à la fin de l'année pour constituer le n°2 du blindé terrestre en France.

Les raisons qui ont poussé à cette réorganisation sont multiples. Pour ma part j'en avancerais 3 principales:

1) la baisse continue des revenues des deux sociétés concernés et leur manque de taille critique. Sans pour autant mettre la future société à l’abri car encore très loin des  principaux concurrents à commencer par Nexter , l'alliance Panhard/RTD donnera naissance à une société générant environ 400m€ de CA par an mais surtout cette société sera accolée à Renault Truck elle même dans le giron de Volvo. 

2) Le lancement probable dans les prochains mois de 2 programmes de renouvellement pour l'armée de terre française, le VBMR (remplaçant du vénérable VAB) et l'EBRC (remplaçant de des AMX-10 et des Sagaies. Avec 3 industriels, l’État ne sera pas en mesure de fournir tous le monde en contrats de maitrise d’œuvre sachant déjà que ce dernier a des exigences de prix assez fortes (pas plus d'un million d'Euro selon le précédent CEMAT - cf le blog Secret Défense )
3) Les tressaillements du secteur de l'autre côté du Rhin pour KMW et Rheinmetall boosté récemment par la vente de 600 chars de combat à l'Arabie Saoudite et à la potentielle commande de 200 autres pour le Qatar.
 
 Cette fusion pourrait marquer le départ de la consolidation tant attendue du secteur terrestre en France mais aussi en Europe car autre point intéressant, il convient de rappeler la volonté de François Hollande de relancer la coopération industrielle avec l'Allemagne. Or celle-ci pourrait passer par le secteur terrestre. Selon un communiqué de Reuter publié en juin dernier, au moment d'Eurosatory, Paris et Berlin veulent en effet coordonner leurs nouveaux achats de chars et d'artillerie. Et à la même époque, le PDG de Nexter laissait sous-entendre de son côté que son groupe est à la recherche d'alliance en Europe.


Une brique vient d'être posée à l'édifice reste à savoir non pas tant si, mais quand et comment les autres viendront s'emboiter

mercredi 1 août 2012

Après quelques jours de congés bien mérités, ce blog va maintenant reprendre son activité en commençant par revenir dans les prochains jours sur 2 événements marquant de l'industrie de défense française.
  • La création d'une société commune entre Thales et Safran dans l'optronique: OPTROLEAD
  • La consolidation du secteur terrestre en France avec ce qui se trame autour de Panhard et de RTD.
A très vite donc.