vendredi 3 août 2012

Vers une consolidation du secteur terrestre où pas?

La consolidation du secteur terrestre en Europe est un vieux serpent de mer depuis la fin de la guerre froide. La disparition du bloc soviétique et de la menace de hordes de T-72 déferlant dans la trouée de Fulda a durement touché l'industrie de défense terrestre européenne à la fin des années 1990 sans pour autant la faire disparaitre. 


 Sphinx de Panhard - photo de l'auteur - 2010

Tous les principaux acteurs de l'époque subsistent toujours, même s'ils portent parfois une nouveau nom. (cf Giat devenu Nexter). Néanmoins, malgré une certaine embellie au cours des dernières années sur le marché, principalement du fait du renouvellement des plateformes de combat d'infanterie, l'offre semble encore aujourd'hui surdimensionnée par rapport à la demande.

En effet là où ne subsiste plus que 3 plateformes majeures dans l'Aéronautique (l'Eurofighter de BAE/EADS, le Rafale de Dassault et le Gripen de Saab), on compte aujourd'hui  au moins 1 programme de véhicule de combat blindé et de char de combat par pays avec autant d'industriels à chaque fois:
  • 2 en Allemagne (Krauss Maffei Wegmann et Rheinmetall)
  • 1 en Italie (Iveco)
  • 1 en Espagne (General Dynamics Santa Barbara, filiale de GD US)
  • 1 au Royaume-Uni (BAE Systems)
  • Et cela sans parler des offres d'entreprises américaines. Au total donc plus d'une dizaine d'acteurs sur ce marché et cela rien qu'en Europe.
En France, on comptait même jusqu'à récemment 3 acteurs: Nexter, Panhard et Renault Truck Defense. Ces deux derniers, en discussion depuis plusieurs mois ont finalement trouvé un accord de rachat. Panhard ira donc rejoindre RTD à la fin de l'année pour constituer le n°2 du blindé terrestre en France.

Les raisons qui ont poussé à cette réorganisation sont multiples. Pour ma part j'en avancerais 3 principales:

1) la baisse continue des revenues des deux sociétés concernés et leur manque de taille critique. Sans pour autant mettre la future société à l’abri car encore très loin des  principaux concurrents à commencer par Nexter , l'alliance Panhard/RTD donnera naissance à une société générant environ 400m€ de CA par an mais surtout cette société sera accolée à Renault Truck elle même dans le giron de Volvo. 

2) Le lancement probable dans les prochains mois de 2 programmes de renouvellement pour l'armée de terre française, le VBMR (remplaçant du vénérable VAB) et l'EBRC (remplaçant de des AMX-10 et des Sagaies. Avec 3 industriels, l’État ne sera pas en mesure de fournir tous le monde en contrats de maitrise d’œuvre sachant déjà que ce dernier a des exigences de prix assez fortes (pas plus d'un million d'Euro selon le précédent CEMAT - cf le blog Secret Défense )
3) Les tressaillements du secteur de l'autre côté du Rhin pour KMW et Rheinmetall boosté récemment par la vente de 600 chars de combat à l'Arabie Saoudite et à la potentielle commande de 200 autres pour le Qatar.
 
 Cette fusion pourrait marquer le départ de la consolidation tant attendue du secteur terrestre en France mais aussi en Europe car autre point intéressant, il convient de rappeler la volonté de François Hollande de relancer la coopération industrielle avec l'Allemagne. Or celle-ci pourrait passer par le secteur terrestre. Selon un communiqué de Reuter publié en juin dernier, au moment d'Eurosatory, Paris et Berlin veulent en effet coordonner leurs nouveaux achats de chars et d'artillerie. Et à la même époque, le PDG de Nexter laissait sous-entendre de son côté que son groupe est à la recherche d'alliance en Europe.


Une brique vient d'être posée à l'édifice reste à savoir non pas tant si, mais quand et comment les autres viendront s'emboiter

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