jeudi 31 mai 2012

Changement de direction à la tête d'EADS

C'est aujourd'hui que s'est tenu, à 15h exactement, l'assemblée générale du groupe EADS et dans la foulée le premier conseil d'administration de la nouvelle équipe. Parmi les changements les plus significatifs citons:
  • Le départ de l'actuel PDG du Groupe Louis Gallois, remplacé par Thomas Enders, âgé de 53 ans et ancien patron d'Airbus.
  • La nominationd'Arnaud Lagardère à la tête du conseil d'administration du groupe (en remplacement de Bodo Ubber, le directeur financier de Daimler, l'un des actionnaires majeurs du groupe) comme définie par un accord passé entre les Etats français et Allemand en 2007.  A noter qu'Arnaud Lagardère était absent pour son intronisation.
Le charismatique nouveau patron du géant européen a du pain sur la planche. Il va devoir gérer rapidement le changement de gouvernance du groupe et le retrait successif des deux actionnaires majeurs et représentants de leurs États respectifs, à savoir Lagardère et Daimler*. Ce dernier vendra 7.5% de  ses part et ses droits de vote à l'Etat allemand (via la banque d'Etat KfW) d'ici la fin de l'année. Quand à Lagardère, même s'il reste au conseil d'administration du groupe, son désengagement devrait intervenir une fois le programme Airbus A350 sur les rails. 

D'ici là, les gouvernements allemands et français cherchent encore une solution pour conserver une position stratégique au sein de la direction du groupe sans pour autant effrayer les potentiels investisseurs et maintenir un équilibre entre les deux pays. Parmi les différents scénario envisagés:
  • La mise en place d'un golden share (qui aurait la préférence d'Enders)
  • La nomination directe de représentants de l'Etat au CA du groupe

Sur le plan industriel, si Louis Gallois laisse les clés d'un groupe globalement sain (voir mon post sur les résultats annuels d'EADS ici), Son successeur va devoir gérer un certain nombre de dossiers sensibles parmi lesquels:
- la finalisation du programme Airbus A350 et sa réussite commerciale
- la recherche de l'équilibre financier sur le programme A380
- la montée en cadence de l'A400M
- l'implantation (ou non) d'une usine de production sur le territoire américain
- l'avenir de Cassidian, la filiale Défense du groupe qui connaît plusieurs difficultés
- le renouvellement de la gamme militaire d'Eurocopter 
- La gestion de l'hyper importance d'Airbus dans le groupe (et par conséquence la relation entre Thomas Enders et Fabrice Brégier devenue numéro 1 d'Airbus à la suite du départ d'Enders)
- ...

De quoi bien occuper le nouveau PDG du groupe pour les 5 prochaines années.

Pour en savoir plus voici quelques articles sur le changement de pouvoir:
Communiqué de presse d'EADS (avec la liste des membres du conseil d'administration


* aujourd'hui Daimler contrôle plus ou moins directement 22.5% du groupe et dispose du même niveau de droit de vote.  L'Etat français et Lagardère sont regroupés au sein de la Sogeade et représente l'Etat français avec 22.5% des droits de vote.

vendredi 25 mai 2012

Signalement d'article: L'alternance réveille les ambitions inavouées des industriels de la défense

Je vous signale la sortie ce soir d'un bon article de la Tribune concernant les enjeux de l'industrie de défense française pour les prochaines années. Michel Cabirol revient en effet sur les grands chantiers potentiels/en attente entre acterus de premiers rang (EADS/Thales/Safran/Dassault) et de second rang (MBDA/Nexter/DCNS).

Le salon Eurosatory qui ouvre ses portes dans 3 semaines (du 11 au 15 juin) sera certainement l'occasion d'en savoir un peu plus sur tous ces sujets.

L'article est disponible en cliquant ici.

Bonne lecture.

PS: même si je ne publie pas de post, je tweet et retweet régulièrement des articles ou des posts d'autres blogger et sites d'informations. N'hésitez donc pas à me suivre. 

mardi 22 mai 2012

Pour compléter mon post précédent

Voici un lien vers un article intéressant sur les enjeux du sommet de l'OTAN pour les industriels et surtout sur le risque de décrochage capacitaire entre les USA et les Européens.

http://www.nationaldefensemagazine.org/blog/Lists/Posts/Post.aspx?ID=793

Bonne lecture et bonne soirée

lundi 21 mai 2012

Sommet de l'OTAN et industries de défense, enjeux et conséquences?

Le 23e sommet de l'OTAN s'est ouvert hier à Chicago et réunit pour 2 jours les chefs d’État des pays membres. A l'agenda, outre la question cruciale du retrait d'Afghanistan, il est aussi question de deux autres sujets qui intéresseront particulièrement les industriels de la Défense:
  • la défense antimissile balistique
  • la "smart Defence"

La Défense antimissile balistique


Définie lors du sommet de Lisbonne DE 2012, la défense antimissile est devenue l'un des piliers de l'OTAN. Il s'agit avant tout d'une initiative américaine qui vise à protéger le territoire américain ( puis par extension l'Europe) d'une frappe de missile balistique. Les Européens sont très divisés sur la question et à l'exception de quelques nations (Pays-Bas, France) trainent plutot des pieds. La faute à une absence de vision stratégique et partagée sur la question mais aussi à de forte pressions budgétaires, car les investissements pour le projet se chiffre déjà en milliards de dollars. Le sommet de Chicago doit être l'occasion pour l'Alliance d'annoncer la mise en place d'une capacité interimaire d'interception, essentiellement, pour ne pas dire uniquement basée sur des capacités américaines (navire doté du systèmes AEGIS + missiles SM-3 déployés en mer et à terre en Pologne notamment ainsi qu'un radar d'alerte AGS installé en Turquie). Le bouclier antimissile devrait être pleinement opérationnel pour 2018.

L'absence de vision politique des Européens rend la tâche complexe pour les industriels concernés par le bouclier antimissile qui hésitent à investir dans ce domaine pourtant majeur car générateur de R&D. Les principaux industriels concernés, Thales (pour les radars) et MBDA (pour les missiles) misent pourtant beaucoup sur le domaine. Et si la R&D autofinancée peut contribuer un peu au développement d'une capacité initiale, il faut au final une volonté politique pour lancer la machine et assurer l'avenir des filières concernées. Car il est clair que les Etats-Unis ne renonceront pas à ce système et on peut le comprendre : ils investissent depuis plus de 10 ans plusieurs milliards de dollars et espèrent donc 2 choses: que le système fonctionne mais aussi des retombées via la vente du système ou via contribution financière. Dès lors, la question que doit se poser chaque état européen est: Dois-je acheter directement sur étagère un système à "moindre" frais ou alors participer à via mes propres moyens à cette initiative avec un meilleur retour sur investissement ?

L'initiative Smart Defence


L'initiative Smart defence consiste en cette période de disette budgétaire à rechercher la mise en commun voire l'achat groupé de moyens entre différents pays de l'Alliance. Il s'agit aussi pour l'OTAN de rééqulibrer le poids des dépenses entre les Etats-Unis et le reste de l'Alliance. Entre 20 et 25 projets devraient être discutés à Chicago dont la defense antimissile, les capacités de renseignement ou encore la préparation et l'entrainement des forces. . 

Si l'initiative peut apparaitre louable, elle comporte néanmoins un risque pour les pays européens et pour leurs entreprises car il est fort probable que la recherche d'économies incite fortement à l'achat sur étagère. Or, le gap capacitaire entre les USA et ses alliés, y compris les plus performant (France, UK) se fait de plus en plus criant chaque jour. La course technologique que mène les Etats-Unis, notamment dans le domaine de la défense antimissile est symptomatique de cet écart capacitaire. La plupart des pays de l'Alliance, s'ils veulent aujourd'hui se doter de cette capacité, n'ont d'autres choix que de se dôter de moyens américains. C'est le cas de la Pologne notamment qui a accepté l'installation de missiles sur son territoire.

Face à cela quelle marge de manoeuvre pour les industries européennes face à la puissance de frappe d'une société américaine qui dispose déjà d'un système ou d'une technologie amortie grâce au marché domestique américain? Encore une fois l'absence d'une politique claire et à long terme des dirigeants européens et surtout d'une vision commune sur leur propre sécurité laisse le champs libre à Washington pour imposer ses vues et ses moyens.

Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de ce 23e sommet de l'OTAN sur la politique industrielle de défence en Europe mais il constitue déjà une victoire pour les Etats-Unis sur le bouclier antimissile et pour les industries associées, Lockheed Martin, Raytheon et autres.


Sources:


mercredi 16 mai 2012

EADS - Des résultats en hausse au premier trimestre

A quelques semaines de la passation de pouvoir entre Louis Gallois et Tom Enders à la tête du groupe (prévue début juin), le géant européen EADS publie aujourd'hui ses résultats pour le premier trimestre de 2012.



Les principaux éléments à retenir sont:
  • Chiffre d'affaires : 11.4md€ (dont 925m€ pour Cassidian) - +16% par rapport au premier trimestre 2011
  • EBIT reporté : 343m€ (+79%)
  • Carnet de commandes: 526.2md€ (dont 51.9md pour les activités défense)
  • Prise de commandes: 12md€ (dont 1.8md pour Cassidian)
  • Les flux de trésorerie sont en revanche en déclin de -1.2bn en raison de l'étalement des livraisons et de l'augmentation des cadences de production
  • L'activité de R&D est en hausse de près de 12% à 726m€
L'activité et les résultats sont en hausse dans l'ensemble des divisions du groupe (Airbus/Eurocopter/Astrium/Cassidian). Le groupe réalise un meilleur démarrage qu'en 2011 grâce notamment aux ventes de l'A-320Neo d'Airbus, à l'augmentation de la rentabilité sur plusieurs programmes et à la correction des défaillances sur l'A-380. Le groupe confirme ses objectifs pour l'année en cour.

Concernant Cassidian, les prises de commandes s'élèvent à 1.8md€ portées par un important contrat de soutien pour l'Eurofigter (+840m€) et par la vente de missiles MICA à l'Inde par MBDA (dont EADS est actionnaire à 37.5%). Le chiffre d'affaires, en dépit des pressions sur les budgets de défense en général et en Europe en particulier, progresse de 5% (plus faible progression du groupe). Le carnet de commandes s'élève lui à 16.2milliards (en hausse de 4.5% par rapport au premier trimestre 2011); de quoi garantir à la division 3 années d'activités.

Fait intéressant dans le communiqué de ces résultats: les pistes de R&D de Cassidian se concentrent essentiellement sur les drones et sur les communications sécurisées. Autrement dit, en dépit du camouflet infligé par les gouvernements français et britanniques sur le choix des futurs drones male et UCAV l'année dernière (EADS a été exclu au profit de Dassault et BAE Systems), EADS espère toujours s'imposer dans ce segment. Cassidian a d'ailleurs créé une société commune avec l'Allemand Rheinmetall pour développer des drones tactiques et MALE.

En 2011, EADS a réalisé un chiffre d'affaires de 49 milliards d'euros. Le groupe emploie 133 000 personnes environ. Selon le magazine Defense News, EADS se classe 7e au rang des entreprises de défense et d'aéronautique.
Sources:

lundi 14 mai 2012

La Russie veut limiter les profits des entreprises de défense

Le gouvernement russe veut s'attaquer à l'augmentation des tarifs pratiqués par les entreprises russes de défense.

Non content d'acheter aujourd'hui du matériel militaire occidental (à l'instar des BPC Mistral de DCNS) le Kremlin a chargé ses services et notamment le ministère du commerce et de l'industrie de plancher sur un projet visant à limiter les marges des industriels d'armements (à moins de 20%).

Il semblerait en effet que l'augmentation continue du prix des systèmes militaires locaux et la piètre qualité de la relation client/fournisseur (pourtant indispensable pour les contrats d'armements) ai eu raison de la patience de Vladimir Poutin. Selon l'agence d'information russe RiaNovosti, 1/3 des prises de commandes n'ont pu aboutir en 2011 en particulier à cause des dérives de coûts, de problèmes de délais et de problèmes techniques. Un audit a donc été commandé au Ministère de la Défense.

Cette décision intervient alors que la Russie s'est lancée dans un vaste plan de modernisation de ses forces armées et de son industrie. Selon le ministre en charge de l'industrie de défense, Dmitry Rogozin, ce plan de modernisation devrait s'étaler sur les 20/30 prochaines années. L'industrie locale attend beaucoup de retombées d'autant que le budget de défense est en augmentation constante et devrait atteindre 25 milliards de dollars cette année. De quoi attiser la convoitise des industriels locaux mais aussi étrangers pour qui l'achat sur étagère de BPC a ouvert une brèche.

En 2011, après de long mois de discussion et malgré les réticences de l'OTAN et des pays voisins, la France a vendu à la Russie, 4 Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) dans un contrat estimé à près de 1 milliard d'euros. Il s'agit du premier contrat  d'armement signé entre la Russie et un pays occidental depuis la 2nde guerre mondiale. Dans la foulée, le gouvernement russe a acquis une soixantaine de véhicules blindés LMV (Iveco) dont la grande partie sera fabriquée sous licence par la société publique Rostekhnologuii.

Il est à noter que toujours selon l'agende de presse russe, Moscou testerait actuellement un autre véhicule italien, le Centauro d'Oto-Melara (filiale du géant Finmecanica), un véhicule de combat antichar (grace à son canon de 120mm) actuellement en service en Italie, en Espagne et à Oman. Les USA avait acquis ce véhicule en leasing au début des années 2000 en vue d'un benchmark pour le développement du Stryker.


Source initiale du post: Rian.ru

L'industrie de défense c'est maintenant

C'est sur cette reprise d'un slogan de campagne que débute ce blog. Dans la mesure ou ce dernier est le slogan du vainqueur, je me suis dit que ça placerait d'entrée ce blog sous de bons auspices, du moins je l'espère.

Ce blog est le fruit d'une réflection issue de plusieurs années de veille et d'analyse de la blogosphère de défense française. Cette dernière s'est très largement étoffée au cours des dernières années. On trouve aujourd'hui dans cette blogosphère à la fois des blogs généralistes sur la défense et les relations internationales que des blog spécialisées sur des questions pointues de stratégie ou de domaine de combat (COIN, terrorisme etc...)

En revanche, j'ai fait le constat que peu de blogs traitent spécialement de ce que j'appellerai la face cachée de la Défense, à savoir son industrie. Or, sans industrie, point de défense. Il s'agit pourtant d'un monde très actif, en perpétuel changement et recomposition au gré des fusions et acquisition, de contrats gagnés ou perdus et qui se situe à la croisée de 4 chemins, celui des militaires (qui utilisent les systèmes d'armes fait pas les industriels), celui des politiques (qui définissent les règles et les grandes orientations de la défense), celui de l'économie (compétition et enjeux technologiques) et enfin celui des relations internationales (enjeux de souveraineté et de puissance).


Il m'apparaissait donc intéressant de proposer, modestement, un éclairage sur ces questions alors que nous sommes en France à l'aube d'un nouveau livre Blanc et d'une nouvelle loi de programmation militaire.




Sur ce, bonne semaine à toutes et à tous.


Notes:
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A très bientot