mardi 28 août 2012

Le rapport sur les transferts d'armement du Congrès américain est disponible

Publié chaque année par le Congrès américain, le Conventional arms transferts to developing nations 2004-2011, recense les principales prises de commandes et livraisons de matériels de guerre dans le monde.

Le document, facile à lire, ne fait que 90 pages et comporte beaucoup de tableaux et de graphiques très utiles. Basé uniquement sur des sources ouvertes, c'est une mine d'information très intéressante et très pratique pour analyser l'évolution du marché des armements produit par les pays développés.



Ci dessous quelques chiffres à garder en mémoire de l'édition 2011:

85.3 milliards de dollars! C'est le montant des prises de commandes d'armes en 2011. Ce chiffre est en augmentation de 92% par rapport à 2010 (44.5bn$).

Sans surprise, ce sont les USA qui s'attribuent la première place avec 66.3bn$ (78% du total) suivi ensuite par la Russie à 4.8bn$ (5.6%). La France quant à elle arrive en 3e position de ce classement (4.4bn$).

Cette croissance fulgurante s'explique essentiellement en raison de plusieurs (très) gros contrats remportés par les entreprises américaines en Arabie Saoudite et dont la somme totale s'élève à près de 30bn$ (en gros le budget total de la défense française!!!).

En termes de livraison cette fois, le classement est sensiblement le même: Les Etats-Unis occupent la première place avec 16.2bn$ de matériel livrés suivi ensuite par la Russie avec 8.7bn$ et le Royaume-Unis avec 3bn$. La France occupant le 4e rang avec 1.7bn$.

De l'autre côté du spectre, le rapport nous apprend que les principaux acheteurs pour 2011 sont:
  • L'Arabie Saoudite 33.7bn$
  • L'Inde 6.9bn$
  • les Emirats Arabes Unis, 4.5bn$
L'intégralité du rapport est téléchargeable en cliquant ici.
Pour les plus pressés, Jean Guisnel du Point en fait un petit résumé sur son blog.

mercredi 22 août 2012

l'industrie de défense dans les travaux du Livre Blanc.

Je profite de cette période estivale pour lire quelques documents en retard et je découvre un intéressant papier du Sénat qui fait la synthèse des travaux du futur Livre Blanc. Ce document de communication(en date du 25 juillet), aborde notamment la place et le rôle de l'industrie de défense et donne quelques chiffres intéressants.



Sur le nucléaire tout d'abord, qui a un temps fait l'objet de débat (en particulier dans l'actuelle majorité) quand à la persistance ou non de la seconde composante (aérienne):

Le coût des forces nucléaire est de l’ordre de 3,5 milliards d’euros par an (11 % du budget annuel de défense et 1,2 % du total des dépenses du budget de l’État pour 2012 et 0,125 % du PIB). Il s’agit d’une garantie solide de protection pour un coût assez modique,
Le document rapporte, et il convient de le souligner, l'apport du nucléaire à la recherche et développement et à l'industrie en particulier spatial (les missiles M51 et la fusée Ariane reposent par exemple, sur un socle commun de capacités).

Sur le budget ensuite, le Sénat a la volonté de sanctuariser le budget de la défense et d'éviter d'en faire une variable d'ajustement :
J’ai l’intention avec nos deux représentants au sein de la commission du Livre blanc de proposer une sorte de règle d’or du budget consacré à la défense qui, selon moi, doit être compris entre un minimum de 1,5 et un maximum de 2 % du PIB hors pensions
Rappelons au passage que les recommandations de l'OTAN pour l'Europe sont de 2% du PIB consacré à la défense. Seuil qu'au final peu de nations tiennent aujourd'hui (à commencer par nos voisins allemands, mais c'est un autre sujet). D'ailleurs, les sénateurs eux-mêmes n'envisagent pas d'atteindre cet objectif puisqu'un peu plus loin dans le document, ils citent l'objectif d'1.6% seulement (voire 1.5% ce qui constitue un seuil "juste insuffisant" pour reprendre la boutade de Jean-Pierre Chevènement.

Enfin, les travaux de synthèse, s'appuyant en celà sur le rapport  sur les capacités industrielles militaires critiques publiés récemment, rappellent en quelques mots la spécificité de ce secteur:

L’industrie de défense est un pôle d’excellence de l’industrie française. Au moment où l’on prône la réindustrialisation de notre pays, ce secteur doit être pris en considération. Il représente des emplois, de l’ordre de 250 000, un solde positif en termes de balance commerciale de 2,7 milliards d’euros et des retombées positives pour le budget de l’État et les comptes sociaux
 
Par ailleurs, comme le rappelle dans la discussion le sénateur Gautier parle d'un retour sur investissement dans la défense de 0.7 à 0.8€ pour chaque euro investit. Si quelqu'un à des chiffres sur d'autres secteurs (automobile, santé, etc...) je suis preneur.

Le reste du document aborde ensuite d'autres questions comme la maritimisation, le format et l'emploi des forces ou encore la Cyberdéfense. Chacune de ces questions ayant déjà fait l'objet d'un rapport spécifique.

Pour consulter le rapport de syntèse c'est par ici.
Pour consulter le rapport complet relatif  aux capacités industrielles militaires critiques, c'est par là.

jeudi 9 août 2012

signalement d'article: Mid-sized defence groups – reality bites

Je vous signale la parution d'une courte (mais néanmoins intéressante) analyse  parue dans le Financial Time du jour sur la capacité de résilience des sociétés de défense (principalement britanniques) de taille moyenne face à la crise.

Elle s'expliquerait, selon l'auteur par 2 moyens:
  • Soit par le développement d'activité annexes à la défense comme la sécurité ou le civil (principe de diversification): exemple de Meggit 
  • Soit au contraire une marche en avant vers plus d'activité de défense (principe de la spécialisation): exemple de Cobham
L'article est consultable sur le site du FT à cette adresse ou via mon compte twitter.

vendredi 3 août 2012

Vers une consolidation du secteur terrestre où pas?

La consolidation du secteur terrestre en Europe est un vieux serpent de mer depuis la fin de la guerre froide. La disparition du bloc soviétique et de la menace de hordes de T-72 déferlant dans la trouée de Fulda a durement touché l'industrie de défense terrestre européenne à la fin des années 1990 sans pour autant la faire disparaitre. 


 Sphinx de Panhard - photo de l'auteur - 2010

Tous les principaux acteurs de l'époque subsistent toujours, même s'ils portent parfois une nouveau nom. (cf Giat devenu Nexter). Néanmoins, malgré une certaine embellie au cours des dernières années sur le marché, principalement du fait du renouvellement des plateformes de combat d'infanterie, l'offre semble encore aujourd'hui surdimensionnée par rapport à la demande.

En effet là où ne subsiste plus que 3 plateformes majeures dans l'Aéronautique (l'Eurofighter de BAE/EADS, le Rafale de Dassault et le Gripen de Saab), on compte aujourd'hui  au moins 1 programme de véhicule de combat blindé et de char de combat par pays avec autant d'industriels à chaque fois:
  • 2 en Allemagne (Krauss Maffei Wegmann et Rheinmetall)
  • 1 en Italie (Iveco)
  • 1 en Espagne (General Dynamics Santa Barbara, filiale de GD US)
  • 1 au Royaume-Uni (BAE Systems)
  • Et cela sans parler des offres d'entreprises américaines. Au total donc plus d'une dizaine d'acteurs sur ce marché et cela rien qu'en Europe.
En France, on comptait même jusqu'à récemment 3 acteurs: Nexter, Panhard et Renault Truck Defense. Ces deux derniers, en discussion depuis plusieurs mois ont finalement trouvé un accord de rachat. Panhard ira donc rejoindre RTD à la fin de l'année pour constituer le n°2 du blindé terrestre en France.

Les raisons qui ont poussé à cette réorganisation sont multiples. Pour ma part j'en avancerais 3 principales:

1) la baisse continue des revenues des deux sociétés concernés et leur manque de taille critique. Sans pour autant mettre la future société à l’abri car encore très loin des  principaux concurrents à commencer par Nexter , l'alliance Panhard/RTD donnera naissance à une société générant environ 400m€ de CA par an mais surtout cette société sera accolée à Renault Truck elle même dans le giron de Volvo. 

2) Le lancement probable dans les prochains mois de 2 programmes de renouvellement pour l'armée de terre française, le VBMR (remplaçant du vénérable VAB) et l'EBRC (remplaçant de des AMX-10 et des Sagaies. Avec 3 industriels, l’État ne sera pas en mesure de fournir tous le monde en contrats de maitrise d’œuvre sachant déjà que ce dernier a des exigences de prix assez fortes (pas plus d'un million d'Euro selon le précédent CEMAT - cf le blog Secret Défense )
3) Les tressaillements du secteur de l'autre côté du Rhin pour KMW et Rheinmetall boosté récemment par la vente de 600 chars de combat à l'Arabie Saoudite et à la potentielle commande de 200 autres pour le Qatar.
 
 Cette fusion pourrait marquer le départ de la consolidation tant attendue du secteur terrestre en France mais aussi en Europe car autre point intéressant, il convient de rappeler la volonté de François Hollande de relancer la coopération industrielle avec l'Allemagne. Or celle-ci pourrait passer par le secteur terrestre. Selon un communiqué de Reuter publié en juin dernier, au moment d'Eurosatory, Paris et Berlin veulent en effet coordonner leurs nouveaux achats de chars et d'artillerie. Et à la même époque, le PDG de Nexter laissait sous-entendre de son côté que son groupe est à la recherche d'alliance en Europe.


Une brique vient d'être posée à l'édifice reste à savoir non pas tant si, mais quand et comment les autres viendront s'emboiter

mercredi 1 août 2012

Après quelques jours de congés bien mérités, ce blog va maintenant reprendre son activité en commençant par revenir dans les prochains jours sur 2 événements marquant de l'industrie de défense française.
  • La création d'une société commune entre Thales et Safran dans l'optronique: OPTROLEAD
  • La consolidation du secteur terrestre en France avec ce qui se trame autour de Panhard et de RTD.
A très vite donc.

vendredi 13 juillet 2012

Retour sur farnborough

Alors que le salon ferme ses portes ce soir et comme annoncé dans le précédent post, voici un rapide retex sur Farnborough.

Le moins que l'on puisse dire est que l'ambiance fut à la hauteur du climat: nuageux pour le pas dire sinistre; en tout cas pour le secteur de la défense: Un public clairsemé dans les allées, pas d'annonces majeures, des mines fermées et un service minimum sur les stands comme dans les airs.

Seul rayon de soleil, l'annonce par Richard Branson, le charismatique patron de Virgin du developpement d'un lanceur low cost de satellites dont une partie des moyens servira aussi a renforcer ses capacites dans le tourisme spatial. Il a par ailleurs profité de l'occasion pour annoncer que le nombre d'inscription pour un voyage avec Virgin Galactic a dépassé celui des personnes ayant déjà été dans l'espace (529).

Au dela donc de ce sujet et pour revenir à la Défende, j'ai pour ma part retenu trois choses intéressantes :

L'entrée en service officielle du Wildcat au sein de l'armée britannique. Le Wildcat est une version modernisée du vénérable Lynx. L'ensemble des nouvelles plateformes sera livré pour 2016. Cette cure de jouvence devrait lui assurer une durée de vie au delà de 2040 et permettre à l'armée britannique de remplir ses missions de surveillance.

L'annonce faite par le ministre de la défense Philip Hammond, de rechercher un maximum d'efficience dans les programmes en demandant notamment aux industriels de présenter un plan de soutien à 10 ans.
Il a aussi ajouté qu'avec le basculement des Etats-Unis vers la zone Asie-pacifique, les Européens devront (mieux) prendre en charge leur propre sécurité ainsi que celle de l'Afrique et du Moyen-Orient.
Il est enfin revenu sur la nécessite pour le Royaume-Uni de renforcer ses capacités en matière de cyberdefense et dans la lutte contre les menaces asymétriques.

La présence toujours aussi importante des drones chez la plupart des industriels; Comme quoi ces appareils sont maintenant bien ancrés dans le paysage, même si j'ai l'impression que l'offre dépasse allègrement la demande...

Enfin un dernier point qui m'a marqué, c'est la présence de nombreux appareils léger et avions d'entrainement (type hawk) proposés en version armée lourdement armées (roquettes mais aussi missiles). Un tendance que j'avais déjà noté dans un précédent salon: ce concept ayant l'avantage de proposer une réelle capacité de combat pour un coût généralement moindre que celui des avions de 4ème ou 5e générations.

mardi 10 juillet 2012

Farnborough 2012

Le 48e salon aéronautique de Farnborough a ouvert ses portes hier matin. L'occasion pour les industriels de la défense et de l'aéronautique de se retrouver un mois après Eurosatory, dans un climat toujours aussi morosse en particulier dans le secteur de la Défense. Selon les organisateurs, plus de 1400 exposants seront présents et l'on attend près d'un demi-million de visiteur cette année.

Dans son discour d'ouverture, le premier ministre britannique a tenu à rappeler que l'industrie aéronautique anglaise est une "vraie success story" et que le secteur reste vital pour l'économie britannique.

Parmi les premières annonces citons:
  • La commande par la gouvernement britannique d'un simulateur pour l'A400M
  • Une méga commande pour Boeing de 7.2 milliards de dollars pour 75 737MAX (concurrent de l'A-320 Neo d'Airbus) par la société de leasing ALC.
  • Sur le plan industriel, la première grosse annonce est celle du rachat de la division aéronautique de Volvo (spécialisé dans les moteurs d'avions) par le britannique GKN pour près de 800m€. Ce rachat va notamment permettre à GKN de combler son retard sur ses concurrents et notamment sur le français Safran. 
En matière de défense, notons un nouveau produit chez le missilier européen MBDA, qui présente son concept de Vigilus, un système de drone dôté deux deux munitions:
  • La première appelée Caelus est une minidrone rodeur capable d'engager une cible,
  • La seconde, le Glavius est un mini-missile pour la frappe de précision et garantie sans dommages collatéraux.

Le salon dispose de son propre compte twitter que vous pouvez suivre ici: @Farborough2012 ou via le hashtag #FIA12. Pour ma part j'y serais en fin de semaine.  Ce sera l'occasion de vous faire un retour sur les annonces et les rumeurs entendus à mon retour.

Bonne semaine à tous.

En image: la patrouille des Red Arrows accompagnant le vénérable bombardier Vulcan.

dimanche 10 juin 2012

Ouverture du salon eurosatory demain

Le salon international Eurosatory ouvrira ses portes demain et pour 5 jours à Villepinte en région parisienne.

La thématique du salon: Défense et Sécurité terrestres. Cette année le salon devrait accueillir un peu plus de 1400 exposants dont près de 400 français. C'est le rendez vous indispensable pour tous les professionnels de la défense et des industries associées.

Près de 1500 systèmes d'armes majeurs, comprenez, assez grand pour être exposés au 54 000 visiteurs attendus, seront présentés.

Parmi les sujets à suivre, il y aura notamment le rapprochement entre Panhard et RTD et, avec un peu de chance une ébauche du remplaçant du vénérable VAB (appelé dans les armées VBMR) du côté de chez Nexter

Le futur remplaçant du FAMAS, sera aussi probablement présent soit chez FN Herstal soit chez H&K et les deux industriels mettront certainement tout en œuvre pour séduire le client français.

Pris par d'autres activités je ne pourrais malheureusement m'y rendre mais je (re)twitterai autant que possible les infos et annonces majeures.

Bon salon à toutes et à tous

jeudi 31 mai 2012

Changement de direction à la tête d'EADS

C'est aujourd'hui que s'est tenu, à 15h exactement, l'assemblée générale du groupe EADS et dans la foulée le premier conseil d'administration de la nouvelle équipe. Parmi les changements les plus significatifs citons:
  • Le départ de l'actuel PDG du Groupe Louis Gallois, remplacé par Thomas Enders, âgé de 53 ans et ancien patron d'Airbus.
  • La nominationd'Arnaud Lagardère à la tête du conseil d'administration du groupe (en remplacement de Bodo Ubber, le directeur financier de Daimler, l'un des actionnaires majeurs du groupe) comme définie par un accord passé entre les Etats français et Allemand en 2007.  A noter qu'Arnaud Lagardère était absent pour son intronisation.
Le charismatique nouveau patron du géant européen a du pain sur la planche. Il va devoir gérer rapidement le changement de gouvernance du groupe et le retrait successif des deux actionnaires majeurs et représentants de leurs États respectifs, à savoir Lagardère et Daimler*. Ce dernier vendra 7.5% de  ses part et ses droits de vote à l'Etat allemand (via la banque d'Etat KfW) d'ici la fin de l'année. Quand à Lagardère, même s'il reste au conseil d'administration du groupe, son désengagement devrait intervenir une fois le programme Airbus A350 sur les rails. 

D'ici là, les gouvernements allemands et français cherchent encore une solution pour conserver une position stratégique au sein de la direction du groupe sans pour autant effrayer les potentiels investisseurs et maintenir un équilibre entre les deux pays. Parmi les différents scénario envisagés:
  • La mise en place d'un golden share (qui aurait la préférence d'Enders)
  • La nomination directe de représentants de l'Etat au CA du groupe

Sur le plan industriel, si Louis Gallois laisse les clés d'un groupe globalement sain (voir mon post sur les résultats annuels d'EADS ici), Son successeur va devoir gérer un certain nombre de dossiers sensibles parmi lesquels:
- la finalisation du programme Airbus A350 et sa réussite commerciale
- la recherche de l'équilibre financier sur le programme A380
- la montée en cadence de l'A400M
- l'implantation (ou non) d'une usine de production sur le territoire américain
- l'avenir de Cassidian, la filiale Défense du groupe qui connaît plusieurs difficultés
- le renouvellement de la gamme militaire d'Eurocopter 
- La gestion de l'hyper importance d'Airbus dans le groupe (et par conséquence la relation entre Thomas Enders et Fabrice Brégier devenue numéro 1 d'Airbus à la suite du départ d'Enders)
- ...

De quoi bien occuper le nouveau PDG du groupe pour les 5 prochaines années.

Pour en savoir plus voici quelques articles sur le changement de pouvoir:
Communiqué de presse d'EADS (avec la liste des membres du conseil d'administration


* aujourd'hui Daimler contrôle plus ou moins directement 22.5% du groupe et dispose du même niveau de droit de vote.  L'Etat français et Lagardère sont regroupés au sein de la Sogeade et représente l'Etat français avec 22.5% des droits de vote.

vendredi 25 mai 2012

Signalement d'article: L'alternance réveille les ambitions inavouées des industriels de la défense

Je vous signale la sortie ce soir d'un bon article de la Tribune concernant les enjeux de l'industrie de défense française pour les prochaines années. Michel Cabirol revient en effet sur les grands chantiers potentiels/en attente entre acterus de premiers rang (EADS/Thales/Safran/Dassault) et de second rang (MBDA/Nexter/DCNS).

Le salon Eurosatory qui ouvre ses portes dans 3 semaines (du 11 au 15 juin) sera certainement l'occasion d'en savoir un peu plus sur tous ces sujets.

L'article est disponible en cliquant ici.

Bonne lecture.

PS: même si je ne publie pas de post, je tweet et retweet régulièrement des articles ou des posts d'autres blogger et sites d'informations. N'hésitez donc pas à me suivre. 

mardi 22 mai 2012

Pour compléter mon post précédent

Voici un lien vers un article intéressant sur les enjeux du sommet de l'OTAN pour les industriels et surtout sur le risque de décrochage capacitaire entre les USA et les Européens.

http://www.nationaldefensemagazine.org/blog/Lists/Posts/Post.aspx?ID=793

Bonne lecture et bonne soirée

lundi 21 mai 2012

Sommet de l'OTAN et industries de défense, enjeux et conséquences?

Le 23e sommet de l'OTAN s'est ouvert hier à Chicago et réunit pour 2 jours les chefs d’État des pays membres. A l'agenda, outre la question cruciale du retrait d'Afghanistan, il est aussi question de deux autres sujets qui intéresseront particulièrement les industriels de la Défense:
  • la défense antimissile balistique
  • la "smart Defence"

La Défense antimissile balistique


Définie lors du sommet de Lisbonne DE 2012, la défense antimissile est devenue l'un des piliers de l'OTAN. Il s'agit avant tout d'une initiative américaine qui vise à protéger le territoire américain ( puis par extension l'Europe) d'une frappe de missile balistique. Les Européens sont très divisés sur la question et à l'exception de quelques nations (Pays-Bas, France) trainent plutot des pieds. La faute à une absence de vision stratégique et partagée sur la question mais aussi à de forte pressions budgétaires, car les investissements pour le projet se chiffre déjà en milliards de dollars. Le sommet de Chicago doit être l'occasion pour l'Alliance d'annoncer la mise en place d'une capacité interimaire d'interception, essentiellement, pour ne pas dire uniquement basée sur des capacités américaines (navire doté du systèmes AEGIS + missiles SM-3 déployés en mer et à terre en Pologne notamment ainsi qu'un radar d'alerte AGS installé en Turquie). Le bouclier antimissile devrait être pleinement opérationnel pour 2018.

L'absence de vision politique des Européens rend la tâche complexe pour les industriels concernés par le bouclier antimissile qui hésitent à investir dans ce domaine pourtant majeur car générateur de R&D. Les principaux industriels concernés, Thales (pour les radars) et MBDA (pour les missiles) misent pourtant beaucoup sur le domaine. Et si la R&D autofinancée peut contribuer un peu au développement d'une capacité initiale, il faut au final une volonté politique pour lancer la machine et assurer l'avenir des filières concernées. Car il est clair que les Etats-Unis ne renonceront pas à ce système et on peut le comprendre : ils investissent depuis plus de 10 ans plusieurs milliards de dollars et espèrent donc 2 choses: que le système fonctionne mais aussi des retombées via la vente du système ou via contribution financière. Dès lors, la question que doit se poser chaque état européen est: Dois-je acheter directement sur étagère un système à "moindre" frais ou alors participer à via mes propres moyens à cette initiative avec un meilleur retour sur investissement ?

L'initiative Smart Defence


L'initiative Smart defence consiste en cette période de disette budgétaire à rechercher la mise en commun voire l'achat groupé de moyens entre différents pays de l'Alliance. Il s'agit aussi pour l'OTAN de rééqulibrer le poids des dépenses entre les Etats-Unis et le reste de l'Alliance. Entre 20 et 25 projets devraient être discutés à Chicago dont la defense antimissile, les capacités de renseignement ou encore la préparation et l'entrainement des forces. . 

Si l'initiative peut apparaitre louable, elle comporte néanmoins un risque pour les pays européens et pour leurs entreprises car il est fort probable que la recherche d'économies incite fortement à l'achat sur étagère. Or, le gap capacitaire entre les USA et ses alliés, y compris les plus performant (France, UK) se fait de plus en plus criant chaque jour. La course technologique que mène les Etats-Unis, notamment dans le domaine de la défense antimissile est symptomatique de cet écart capacitaire. La plupart des pays de l'Alliance, s'ils veulent aujourd'hui se doter de cette capacité, n'ont d'autres choix que de se dôter de moyens américains. C'est le cas de la Pologne notamment qui a accepté l'installation de missiles sur son territoire.

Face à cela quelle marge de manoeuvre pour les industries européennes face à la puissance de frappe d'une société américaine qui dispose déjà d'un système ou d'une technologie amortie grâce au marché domestique américain? Encore une fois l'absence d'une politique claire et à long terme des dirigeants européens et surtout d'une vision commune sur leur propre sécurité laisse le champs libre à Washington pour imposer ses vues et ses moyens.

Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de ce 23e sommet de l'OTAN sur la politique industrielle de défence en Europe mais il constitue déjà une victoire pour les Etats-Unis sur le bouclier antimissile et pour les industries associées, Lockheed Martin, Raytheon et autres.


Sources:


mercredi 16 mai 2012

EADS - Des résultats en hausse au premier trimestre

A quelques semaines de la passation de pouvoir entre Louis Gallois et Tom Enders à la tête du groupe (prévue début juin), le géant européen EADS publie aujourd'hui ses résultats pour le premier trimestre de 2012.



Les principaux éléments à retenir sont:
  • Chiffre d'affaires : 11.4md€ (dont 925m€ pour Cassidian) - +16% par rapport au premier trimestre 2011
  • EBIT reporté : 343m€ (+79%)
  • Carnet de commandes: 526.2md€ (dont 51.9md pour les activités défense)
  • Prise de commandes: 12md€ (dont 1.8md pour Cassidian)
  • Les flux de trésorerie sont en revanche en déclin de -1.2bn en raison de l'étalement des livraisons et de l'augmentation des cadences de production
  • L'activité de R&D est en hausse de près de 12% à 726m€
L'activité et les résultats sont en hausse dans l'ensemble des divisions du groupe (Airbus/Eurocopter/Astrium/Cassidian). Le groupe réalise un meilleur démarrage qu'en 2011 grâce notamment aux ventes de l'A-320Neo d'Airbus, à l'augmentation de la rentabilité sur plusieurs programmes et à la correction des défaillances sur l'A-380. Le groupe confirme ses objectifs pour l'année en cour.

Concernant Cassidian, les prises de commandes s'élèvent à 1.8md€ portées par un important contrat de soutien pour l'Eurofigter (+840m€) et par la vente de missiles MICA à l'Inde par MBDA (dont EADS est actionnaire à 37.5%). Le chiffre d'affaires, en dépit des pressions sur les budgets de défense en général et en Europe en particulier, progresse de 5% (plus faible progression du groupe). Le carnet de commandes s'élève lui à 16.2milliards (en hausse de 4.5% par rapport au premier trimestre 2011); de quoi garantir à la division 3 années d'activités.

Fait intéressant dans le communiqué de ces résultats: les pistes de R&D de Cassidian se concentrent essentiellement sur les drones et sur les communications sécurisées. Autrement dit, en dépit du camouflet infligé par les gouvernements français et britanniques sur le choix des futurs drones male et UCAV l'année dernière (EADS a été exclu au profit de Dassault et BAE Systems), EADS espère toujours s'imposer dans ce segment. Cassidian a d'ailleurs créé une société commune avec l'Allemand Rheinmetall pour développer des drones tactiques et MALE.

En 2011, EADS a réalisé un chiffre d'affaires de 49 milliards d'euros. Le groupe emploie 133 000 personnes environ. Selon le magazine Defense News, EADS se classe 7e au rang des entreprises de défense et d'aéronautique.
Sources:

lundi 14 mai 2012

La Russie veut limiter les profits des entreprises de défense

Le gouvernement russe veut s'attaquer à l'augmentation des tarifs pratiqués par les entreprises russes de défense.

Non content d'acheter aujourd'hui du matériel militaire occidental (à l'instar des BPC Mistral de DCNS) le Kremlin a chargé ses services et notamment le ministère du commerce et de l'industrie de plancher sur un projet visant à limiter les marges des industriels d'armements (à moins de 20%).

Il semblerait en effet que l'augmentation continue du prix des systèmes militaires locaux et la piètre qualité de la relation client/fournisseur (pourtant indispensable pour les contrats d'armements) ai eu raison de la patience de Vladimir Poutin. Selon l'agence d'information russe RiaNovosti, 1/3 des prises de commandes n'ont pu aboutir en 2011 en particulier à cause des dérives de coûts, de problèmes de délais et de problèmes techniques. Un audit a donc été commandé au Ministère de la Défense.

Cette décision intervient alors que la Russie s'est lancée dans un vaste plan de modernisation de ses forces armées et de son industrie. Selon le ministre en charge de l'industrie de défense, Dmitry Rogozin, ce plan de modernisation devrait s'étaler sur les 20/30 prochaines années. L'industrie locale attend beaucoup de retombées d'autant que le budget de défense est en augmentation constante et devrait atteindre 25 milliards de dollars cette année. De quoi attiser la convoitise des industriels locaux mais aussi étrangers pour qui l'achat sur étagère de BPC a ouvert une brèche.

En 2011, après de long mois de discussion et malgré les réticences de l'OTAN et des pays voisins, la France a vendu à la Russie, 4 Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) dans un contrat estimé à près de 1 milliard d'euros. Il s'agit du premier contrat  d'armement signé entre la Russie et un pays occidental depuis la 2nde guerre mondiale. Dans la foulée, le gouvernement russe a acquis une soixantaine de véhicules blindés LMV (Iveco) dont la grande partie sera fabriquée sous licence par la société publique Rostekhnologuii.

Il est à noter que toujours selon l'agende de presse russe, Moscou testerait actuellement un autre véhicule italien, le Centauro d'Oto-Melara (filiale du géant Finmecanica), un véhicule de combat antichar (grace à son canon de 120mm) actuellement en service en Italie, en Espagne et à Oman. Les USA avait acquis ce véhicule en leasing au début des années 2000 en vue d'un benchmark pour le développement du Stryker.


Source initiale du post: Rian.ru

L'industrie de défense c'est maintenant

C'est sur cette reprise d'un slogan de campagne que débute ce blog. Dans la mesure ou ce dernier est le slogan du vainqueur, je me suis dit que ça placerait d'entrée ce blog sous de bons auspices, du moins je l'espère.

Ce blog est le fruit d'une réflection issue de plusieurs années de veille et d'analyse de la blogosphère de défense française. Cette dernière s'est très largement étoffée au cours des dernières années. On trouve aujourd'hui dans cette blogosphère à la fois des blogs généralistes sur la défense et les relations internationales que des blog spécialisées sur des questions pointues de stratégie ou de domaine de combat (COIN, terrorisme etc...)

En revanche, j'ai fait le constat que peu de blogs traitent spécialement de ce que j'appellerai la face cachée de la Défense, à savoir son industrie. Or, sans industrie, point de défense. Il s'agit pourtant d'un monde très actif, en perpétuel changement et recomposition au gré des fusions et acquisition, de contrats gagnés ou perdus et qui se situe à la croisée de 4 chemins, celui des militaires (qui utilisent les systèmes d'armes fait pas les industriels), celui des politiques (qui définissent les règles et les grandes orientations de la défense), celui de l'économie (compétition et enjeux technologiques) et enfin celui des relations internationales (enjeux de souveraineté et de puissance).


Il m'apparaissait donc intéressant de proposer, modestement, un éclairage sur ces questions alors que nous sommes en France à l'aube d'un nouveau livre Blanc et d'une nouvelle loi de programmation militaire.




Sur ce, bonne semaine à toutes et à tous.


Notes:
Afin de rester en contact et de suivre les parutions, n'hésitez pas à mettre ce blog dans votre lecteur de flux RSS favori.
Vous pouvez aussi me suivre directement sur Google+ ou sur Twitter ou me joindre directement par mail à cette adresse


A très bientot