lundi 21 mai 2012

Sommet de l'OTAN et industries de défense, enjeux et conséquences?

Le 23e sommet de l'OTAN s'est ouvert hier à Chicago et réunit pour 2 jours les chefs d’État des pays membres. A l'agenda, outre la question cruciale du retrait d'Afghanistan, il est aussi question de deux autres sujets qui intéresseront particulièrement les industriels de la Défense:
  • la défense antimissile balistique
  • la "smart Defence"

La Défense antimissile balistique


Définie lors du sommet de Lisbonne DE 2012, la défense antimissile est devenue l'un des piliers de l'OTAN. Il s'agit avant tout d'une initiative américaine qui vise à protéger le territoire américain ( puis par extension l'Europe) d'une frappe de missile balistique. Les Européens sont très divisés sur la question et à l'exception de quelques nations (Pays-Bas, France) trainent plutot des pieds. La faute à une absence de vision stratégique et partagée sur la question mais aussi à de forte pressions budgétaires, car les investissements pour le projet se chiffre déjà en milliards de dollars. Le sommet de Chicago doit être l'occasion pour l'Alliance d'annoncer la mise en place d'une capacité interimaire d'interception, essentiellement, pour ne pas dire uniquement basée sur des capacités américaines (navire doté du systèmes AEGIS + missiles SM-3 déployés en mer et à terre en Pologne notamment ainsi qu'un radar d'alerte AGS installé en Turquie). Le bouclier antimissile devrait être pleinement opérationnel pour 2018.

L'absence de vision politique des Européens rend la tâche complexe pour les industriels concernés par le bouclier antimissile qui hésitent à investir dans ce domaine pourtant majeur car générateur de R&D. Les principaux industriels concernés, Thales (pour les radars) et MBDA (pour les missiles) misent pourtant beaucoup sur le domaine. Et si la R&D autofinancée peut contribuer un peu au développement d'une capacité initiale, il faut au final une volonté politique pour lancer la machine et assurer l'avenir des filières concernées. Car il est clair que les Etats-Unis ne renonceront pas à ce système et on peut le comprendre : ils investissent depuis plus de 10 ans plusieurs milliards de dollars et espèrent donc 2 choses: que le système fonctionne mais aussi des retombées via la vente du système ou via contribution financière. Dès lors, la question que doit se poser chaque état européen est: Dois-je acheter directement sur étagère un système à "moindre" frais ou alors participer à via mes propres moyens à cette initiative avec un meilleur retour sur investissement ?

L'initiative Smart Defence


L'initiative Smart defence consiste en cette période de disette budgétaire à rechercher la mise en commun voire l'achat groupé de moyens entre différents pays de l'Alliance. Il s'agit aussi pour l'OTAN de rééqulibrer le poids des dépenses entre les Etats-Unis et le reste de l'Alliance. Entre 20 et 25 projets devraient être discutés à Chicago dont la defense antimissile, les capacités de renseignement ou encore la préparation et l'entrainement des forces. . 

Si l'initiative peut apparaitre louable, elle comporte néanmoins un risque pour les pays européens et pour leurs entreprises car il est fort probable que la recherche d'économies incite fortement à l'achat sur étagère. Or, le gap capacitaire entre les USA et ses alliés, y compris les plus performant (France, UK) se fait de plus en plus criant chaque jour. La course technologique que mène les Etats-Unis, notamment dans le domaine de la défense antimissile est symptomatique de cet écart capacitaire. La plupart des pays de l'Alliance, s'ils veulent aujourd'hui se doter de cette capacité, n'ont d'autres choix que de se dôter de moyens américains. C'est le cas de la Pologne notamment qui a accepté l'installation de missiles sur son territoire.

Face à cela quelle marge de manoeuvre pour les industries européennes face à la puissance de frappe d'une société américaine qui dispose déjà d'un système ou d'une technologie amortie grâce au marché domestique américain? Encore une fois l'absence d'une politique claire et à long terme des dirigeants européens et surtout d'une vision commune sur leur propre sécurité laisse le champs libre à Washington pour imposer ses vues et ses moyens.

Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de ce 23e sommet de l'OTAN sur la politique industrielle de défence en Europe mais il constitue déjà une victoire pour les Etats-Unis sur le bouclier antimissile et pour les industries associées, Lockheed Martin, Raytheon et autres.


Sources:


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